L'homme marchait seul, cherchant l'homme qu'il était avant le commencement du monde.

Charlotte O'Streack



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12 OCTOBRE 87

 

 Le 12 octobre 1987 

Je mets une date pour plus tard, pour me souve­nir, mais cela n'a pas vraiment d'importance. Tout ça aurait pu être écrit, il y a longtemps ou hier, ou l'an prochain. J'ai 33 ans et je vis de chimères. Certains appellent cela l'es­poir, je ne sais pas si nous parlons de la même chose. Ou bien peut-être les choses que l'on espère doivent-elles rester au stade d'es­poir, et j'ai voulu les vivre, ou même cela aussi n'est-il qu'une chimère;

Peut-être ai-je cru vou­loir les vivre. Ai-je jamais eu une vraie pensée, un vrai senti­ment ?

Je crois, je pense que j'ai voulu vivre ces choses dont beaucoup se con­tentent de rêver. C'est peut­-être là la réponse, les choses doivent rester au stade d'es­poir sinon, elles se dénaturent, on les dénature.

Même en écrivant cela il me reste la chi­mère de trouver au dernier moment un sens. C'est mon esprit zorro qui refuse de se laisser éteindre, qui veut survivre car il est conforta­ble, car il est sans contradic­tions, car il ne se teinte pas de ces cou­leurs vives qui contras­tent; Il est fait d'une couleur sans définition, à la­quelle on ne peut donner de nom car elle vole à chacun l'éclat, et le trans­forme en ce pourrissement qui nous laisse l'illu­sion que le décor de papier mâché est la réalité. Mon exis­tence a toujours été en réaction aux choses, aux gens, sans rai­son­ner, croy­ant que ce qui était caché au fond de moi fe­rait le reste; croyant que ce désir de vivre ces choses là suffi­rait à déjouer les tromperies, mes pro­pres mal­honnê­tetés. 

Ma sœur m'a dit l'an dernier qu'elle était in­quiète parce que je perdais tout espoir. J'aimerais être branchée sur une machine, qui puisse me dire mes émo­tions, ce que sont, mes pensées, ce qu'elles sont vrai­ment, sans les parasites ni les bruits de fond de so­ciété, d'amour, de haine, de peur. Les mots qu'il me reste sont les mêmes qu'il y a dix ans, je ne sais pas, je n'ai rien ap­pris.