L'homme marchait seul, cherchant l'homme qu'il était avant le commencement du monde.

Charlotte O'Streack



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UN APRES MIDI DE DENTELLES

 

 

Pourquoi résister à une volonté souriante ? Pourquoi s’épuiser à traîner les pieds ? Autant être beau joueur et suivre en souriant la compagne dans ce marathon saisonnier,  qui rend verte de peur la moindre carte bleue, à savoir un samedi de shopping.

J’ai donc pour ma part décidé d’accompagner ma moitié, deux ou trois fois par an, afin de participer à l’effort de consommation indispensable à la bonne santé de notre économie.

Ainsi samedi nous partîmes de bon matin, liste à la main, à l’assaut des magasins du centre ville. Il y eut peu de résistance, certains m’offrirent même un siège pendant que ma  tendre épouse passait tel pantalon, se glissait dans une jupe, sans oublier de virevolter devant moi qui affichai un regard désapprobateur ou admiratif qui pouvait laisser croire à la vendeuse que c’était moi qui payait.

Le début de l’après-midi nous mena devant une ruche bourdonnante, dans un monde de soie et de dentelle, dans un magasin de sous-vêtements féminins.

Je fus pris d’une étrange émotion en touchant ces tissus prévus pour envelopper les secrets de nos femmes.

Bientôt nous fûmes installés, elle dans la cabine numéro trois et moi dans un fauteuil entouré de commentaires babillant.

La porte de la cabine numéro un s’ouvrit, et deux sœurs y pénétrèrent avec une poignée de soutien-gorge.

Une belle BCBG à la robe fendue haut sur la cuisse se glissa dans la numéro deux. Ma femme m’appela de la trois pour un avis supposé de connaisseur.

La quatre fit entendre la voix désolée d’une femme qui ne pouvait pas fermer un cent D.

La cinq demandait à son amie si ce n’était pas trop pour une première rencontre.

La six hésitait entre le rouge et le noir.

Je passai ainsi un long moment à surprendre un reflet de semi-nudité dans l’entrebâillement furtif d’une porte s’arrêtant à cinquante centimètres du sol, cinquante grammes de nylon qui glissent sur le sol, doucement secoués par un pied d’autant plus nu qu’il ne se sait pas observer.

-        Que penses-tu de celui là, me demanda ma complice en entrebâillant la porte de la trois ?

-        Un peu serré, répondis-je. Laisse moi aller chercher la taille au-dessus.

-        Quatre vingt dix B.

-        Je sais.

J’écartai le rideau qui ferme cette bulle d’intimité et je me lançai à la recherche du modèle et de la taille adéquats.

Devant tant de beauté sensuelle, je fus pris d’un brusque accès de fièvre. Je fonçai sur Aubade qui offrait ce que nous avons vu pendant de longues semaines sur tous nos abris bus. Ah! Ce blanc nacré, cette dentelle dont les jours laissent juste deviner, semant des fourmis au creux du ventre. Je pris le quatre vingt dix B, et je me tournai vers Boléro, puis vers Pernelle dont je pris plusieurs coloris du même modèle, puis Barbara qui offrait un merveilleux bleu cendré, puis princesse Tam Tam au rouge fleuri,  le satin de Sous-Entendu, la soie de Chantal Thomas, le blanc éclatant et ingénu de Cacharel, la coupe sensuelle de Lejaby, le coquin de Chantelle…

Je retournai vers mon refuge où le bruit de la ruche, assourdi par la lourde tenture, n’était plus qu’un murmure de printemps.

Je tendis ma brassée de dentelle à ma compagne qui ouvrit des yeux ahuris.

-        Tu es fou!

-        Mais non, on a tout notre temps.

Elle ferma la porte de la trois.

Je jetai un coup d’œil à la une où les deux sœurs gloussaient. La porte s’entrebâilla, et l’une d’elle en string et soutiens gorge Pernelle jaune, me fit signe d’approcher.

-        Nous avons besoins d’un spécialiste me murmura-t-elle, qu’en pensez-vous?

-        Beau, très beau.

-        Et ma sœur ?

Je me tournais vers la deuxième blonde qui portait le même modèle en noir. J’en eus le souffle coupé, et je réalisai que j’avais affaire à deux jumelles.

Je tendis la main comme hypnotisé par le doré des ventres, par les muscles longs des cuisses, par l’arrondi des fesses soulignées par les strings, par la tendre fermeté des seins. La première prit ma main tendue vers ces corps ingénument offerts, et porta mes doigts à ses lèvres avant d’entrouvrir la porte et de me pousser doucement dehors.

-        Que penses-tu de celui ci demanda ma moitié en ouvrant la porte de la trois ?

Reprenant mes esprits dans un effort terrible je répondis.

-        Je ne crois pas.

-        Tu as raison, répondit-elle en refermant la porte.

-        Pourriez-vous m’aider murmura la deux BCBG, en me tendant son dos dont le zip de sa robe était coincé.

Je refermai la porte sur notre complicité. Bientôt le zip murmura son plaisir de m’offrir le bronzage foncé de la belle brune. La petite robe glissa sur le sol, et elle l’enjamba me laissant le soin de la ramasser. Je levai les yeux, et lut son sourire amusé dans son regard turquoise. Je me redressai, passai les mains dans son dos pour défaire la petite agrafe, fis glisser les fines bretelles noires, et écartai les bonnets qui me révélèrent deux superbes fruits aux aréoles foncées. Je tendis la main vers ces pommes tentatrices mais m’arrêtai en chemin, glissant sur le sol à ses pieds.

Je frôlai à peine l’arrière des cuisses jusqu’aux fesses. Je glissai les doigts sous l’élastique, et fit glisser la petite culotte noire. Elle l’enjamba lentement. Son sexe dissimulé au creux du petit buisson noir exhalait un parfum capiteux. Son corps intégralement bronzé irradiait une douce chaleur. Elle me tendit une culotte vert foncé rehaussé de broderies grises. Je pris le nuage de dentelle, le déployai et elle plaça d’abord son pied gauche. Pour enfiler le suivant, elle s’appuya un instant sur mon épaule. Je remontai doucement le long de ses jambes la pièce de lingerie. Je réarrangeai un petit poil qui dépassait à l’entrejambe, puis, je me relevai sans la quitter des yeux. Ses seins pointaient avec un brin d’arrogance, les mamelons presque noirs. Elle me tendit le soutien gorge. Je glissai les bretelles sur ses avant bras et les fis monter jusqu’à ses biceps, puis je pris les bonnets au creux de mes mains et les remontai jusqu’à ces seins, lui volant une caresse fantôme qui provoqua un petit soupir. Je passai mes mains sous ses bras, dans ce qui aurait pu paraître pour une étreinte, et je fermai l’attache, malheureusement du premier coup. Merci murmura-t-elle en silence, avant de me pousser gentiment dehors.

J’eus à peine le temps de m’asseoir que ma dulcinée ouvrit la porte de la trois ;

-        Et celui là ?

-        Pas mal, peut être un peu trop ou pas assez…

-        Oui, un peu trop…

La trois se referma sur ma compagne.

La quatre ne tarda pas à s’ouvrir, devant une femme dissimulant maladroitement une poitrine imposante avec un chemisier ; Je me glissai à l’intérieur, refermant la porte derrière moi. Elle portait un jean. Je défis ses doigts fermés sur le chemisier. Lorsqu’elle écarta ses mains, je fus ébloui par une poitrine somptueuse qui se jouait de la pesanteur. Elle me tendit avec résignation un soutien gorge dont les bonnets auraient pu contenir des melons de belle taille. C’était l’un de ces harnachements qui me rappela les gaines de nos grands-mères. Je lui jetai un regard consterné, puis un œil interrogateur. Elle répondit par une mimique résignée. Il n’y avait donc rien d’autre pour habiller une telle merveille. J’aperçus alors pendus au porte manteau une veste et un grand foulard qu’elle portait sans doute comme un châle. Je le pris, glissai mes bras dans son dos pour faire passer la soie; puis je ramenai mes mains qui tenaient chacune l’une des extrémités du foulard. J’écartai le tissus en remontant, habillant ses seins de soie. Puis je passai mes mains autour de son cou, et nouai le foulard sur sa nuque. Je gardai mes mains sur sa nuque, ne la quittant pas des yeux. Nos front se touchèrent et nous restâmes ainsi d’interminables secondes. Puis je la libérai et m’éclipsai.

La porte de la trois s’ouvrit et ma compagne m’apparut dans une parure blanche faussement pudique.

-        Mets-la de côté, elle est superbe.

-        Enfin ! Bon j’arrête, j’en ai marre; et encore je ne t’ai pas tout montré.

-        Non, choisis en encore une je te l’offre.

-        Bon, dit-elle en refermant la porte.

Je poussai un soupir, et la cinq s’ouvrit. Une femme d’une trentaine d’année, habillée d’une jupe grise assez courte, d’un chemisier blanc dont les poignets ouverts étaient retournés, me fit signe d’approcher. Chaussée de hauts talons, elle devait friser le mètre quatre vingt. Elle referma la porte derrière moi et murmura «pour la première fois, qu’en pensez-vous ? », en désignant une métisse qui se tenait nue avec une petite culotte dans chaque main. Sa peau pain d’épice exhalait un parfum épicé. Ses traits très fins avaient un rien d’asiatique. Je la contemplai, oubliant tout. Son amie me rappela à la réalité en enfonçant son coude dans mes côtes. Ainsi rappelé à l’ordre je regardai les petites culottes, l’une rouge fleurie, et l’autre jaune d’or sur-brodée de jaune vif. Je tendis la main vers cette dernière, mais son amie me devança. Elle prit la dentelle, mis un genou à terre et aida la métisse à se parer des sous-vêtements ; je ne les quittai pas des yeux, émerveillé par le ballet des mains qui peu à peu me cachèrent les secrets exotiques. Lorsque les deux pièces furent à leur place, l’amie me jeta un coup d’œil interrogateur. Je battis simplement des cils.

Je me laissai tomber sur le fauteuil et la trois s’ouvrit sur une tenue orange que je n’avais prise que pour occuper le temps. Devant ma moue désabusée, ma moitié ne posa pas de question et referma aussitôt la porte.

La six ne tarda pas à s’ouvrir, son occupante restant dissimulée derrière la porte. Je me glissai dans la cabine. Une jolie brune me regardait. Elle était petite et légèrement dodue. Elle portait une parure noire, qui, ressortant sur son teint halé, mettait en valeur sa peau mate. Elle me regarda, interrogative, en me désignant une autre parure de couleur rouge.  Devant mon air perplexe, elle posa les dessous rouges sur une étagère, et avec une élégance rare, elle se défit de la dentelle noire. Les rouges lui allaient aussi bien que les précédents.

-        Prenez les deux, murmurai-je en m’éclipsant.

La porte de la trois s’ouvrit, et ma femme apparut tournant sur elle-même habillée de cent grammes de dentelle bleu cendré. Elle ne dit pas un mot et je me contentai d’approuver de la tête. Elle referma la porte.

La porte de la trois s’ouvrit, et ma moitié en sortit tout habillée, me surprenant en flagrant délit de rêve éveillé ou de sommeil…

- Merci de m’en offrir une, me dit ma compagne en m’embrassant pendant que les occupantes des autres cabines gagnaient la caisse.