L'homme marchait seul, cherchant l'homme qu'il était avant le commencement du monde.

Charlotte O'Streack



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EXTRAIT

 

Chapitre 1

 

 

 

 

 

La voiture arriva au bas de la Gineste, et pris la direction des calanques. Le véhicule roulait lentement le long des rues sombres de Cassis, éclairées de loin en loin par quelques lampadaires.

 

Le chauffeur savait où il allait, et le silence régnait dans la Peugeot empruntée quelques heures auparavant dans le parking du centre bourse.

Immatriculée à Paris, elle appartenait sans doute à un touriste qui ne s'en apercevrait sans doute que le lendemain; ce vol ne ferait que renforcer dans son esprit l'idée que Marseille n'était pas une ville fréquentable, et que l'on y risquait sa vie à chaque instant.

 

Cela faisait l'affaire des petits malfrats, qui aimaient bien maintenir la mauvaise réputation de cette ville, comme si cela les rendait plus forts, voire plus intéressants.

Il faut dire que la presse elle-même ne se privait pas de monter en épingle les moindres incidents, oubliant de mentionner qu'il y avait autre chose que l'OM et qu'en termes d'insécurité, la cité phocéenne était largement dépassée par des villes à la réputation tranquille.

 

Il en est ainsi de certaines femmes qui, à cause des airs qu'elles  se donnent, deviennent faciles dans l'imagination de certains hommes jusqu'à ce que la vérité soit rétablie avec un mot bien senti, voire une paire de claques retentissantes.

Mais même une paire de claques ne vient pas à bout d'une réputation, et la ville de l'hymne national avait bien du mal à changer son image de ville rebelle et sauvage.

Il faut dire que cette réputation plaisait aussi à de nombreux marseillais, sinon de quoi auraient-ils pu se plaindre?

 

Les derniers événements de la coupe du monde de foot, quelques mois avant cette fameuse nuit, avaient renforcé chez les estrangers la certitude que c'était une destination à éviter, et chez les Phocéens la certitude que le monde entier leurs en voulait, sans doute parce qu'ils habitaient dans la plus belle ville du monde, comme certains n'hésitaient pas à l'affirmer.

 

* * *

 

Le véhicule dépassa la plage du Bestouan, et prit la direction de la presqu'île.

Les cinq voyous étaient tendus. Seul le chauffeur savait où ils allaient.

 

Ils se croisaient depuis de longues années, pratiquant le vol à la tire dans le quartier du cours Belsunce où vingt ans avant s'était installé un grand hôtel, fournissant ainsi un fond de commerce constamment renouvelé à ces petits voyous sans grande envergure.

 

Depuis quelques mois, à force de dealer de la cocaïne, ils avaient commencé à en consommer. Les sacs à main arrachés aux petites vieilles, et les autoradios ne suffisaient plus à payer leurs doses quotidiennes. Ils étaient encore à un stade où ils auraient pu arrêter, mais c'était trop bon et trop facile.

 

Deux corses au regard noir, Dominique Castelli et Ange Scoffoni, un algérien Momo Larby et un Comorien Fabrice Youssoufa dont les parents, pour l'intégrer, lui avaient donné un prénom blanc et un accent marseillais qui faisaient sourire, formaient ce petit commando auquel leur chef, italo-marseillais, voulait donner un peu plus d'envergure, pour mener la vraie vie.

 

Ils allaient faire leur premier gros coup; ayant obtenu un tuyau en béton, les cinq larrons s'apprêtaient à cambrioler une villa cossue de la presqu'île de Cassis.

Ils garèrent la Peugeot dans le parking du restaurant La Presqu'île, et partirent à pied.

Le chef de la bande, Christian Philippi portait un sac à dos, les autres le suivaient sans faire de bruits, se contentant de quelques mots murmurés, pour signaler la barrière qui fermait l'accès aux voitures. Ils passèrent par-dessus.

 

Le restaurant était calme en ce mardi soir. La saison touristique était terminée, et le mois de septembre, bien qu'encore chaud dans la journée, offrait des nuits claires et douces.

 

Ils longèrent les tennis, et se retrouvèrent bientôt face à la mer qui était calme et offrait à la lune un miroir noir dans lequel cette dernière ne se lassait pas de se mirer.

 

Ils avançaient en silence, d'un pas rapide et assuré. Ils dépassèrent la petite chapelle de Notre Dame de Bon voyage récemment rénovée.

Christian Philippi les arrêta et murmura:

- Lorsqu'on repart, on prend pas le même chemin, j'ai laissé un bateau au bout de la presqu'île à cinq minutes d'ici, là où on est venu voir les culs nus la semaine dernière. C'est bon? Maintenant plus un mot, je vais devant pour endormir les chiens, attendez mon retour.

 

Il commença à avancer entre les quelques pins aux troncs torturés par des années  de mistral.

Parvenu à une dizaine de mètres du mur de la propriété, il s'arrêta et attendit. Bientôt il entendit les dobermans s'approcher du mur et gronder sans pour autant aboyer.

Il sortit du sac à dos, qu'il avait posé à ses pieds, un paquet enveloppé de papier sulfurisé. Il l'ouvrit et en tira plusieurs morceaux de viande. Il y en avait plusieurs kilos. Il lança les morceaux les uns après les autres par-dessus le mur. Il savait qu'il y avait trois chiens. Il avait prévu large. Les morceaux avaient été truffés de somnifère. Il regarda sa montre, et rejoignit les autres.

-         On attend vingt minutes, et on y va déclara Philippi.

-         Où sont les clés du bateau, demanda Dominique Castelli, l'un des deux corses?

-         Tu te souviens le gros pin qu'il y a au bout du chemin, juste avant de descendre sur les pierres plates, demanda Philippi, en murmurant?

-         Oui, répondit le Corse.

-         En dessous il y a une grosse pierre de la taille d'une petite table, elles sont en dessous. Maintenant plus un mot.

 

Puis il sortit un petit paquet de sa poche de poitrine, dans lequel il préleva quatre sachets en plastique. Il les distribua à ses acolytes qui se jetèrent sur la coke, qu'ils sniffèrent en quelques secondes.

 

Quelques minutes plus tard, Philippi abaissa un bas sur son visage et fit signe à ses compères d'en faire autant.

Puis il se dirigea, à moitié courbé, vers le mur d'enceinte qui mesurait moins de trois mètres de haut. Il lança une corde munie d'un grappin, qu'il avait sorti de son sac. Au deuxième essai, le grappin soigneusement emmailloté de chiffon et de gros ruban adhésif s'accrocha au faite du mur défendu par des tessons de bouteille.

Il mit une paire de gants très épais et entreprit de monter, appuyant ses pieds sur le mur. Avant de se rétablir sur le mur, il y plaça un matelas de plage plié en double et lesté aux deux bouts pour qu'il ne s'envole pas et les protège des tessons à l'aller et au retour. Il s'assit sur le matelas et fit signe à Castelli qui grimpa rapidement.

 

La lune éclairait le jardin, mieux que ne l'aurait fait une lampe électrique, et le Corse put sauter sans difficulté. Il se cacha ensuite dans l'ombre d'un arbuste. Lorsque tous ses complices furent dans le jardin, Philippi changea l'encrage du grappin, et laissa glisser la corde à l'intérieur de l'enceinte préparant ainsi leur fuite. Il se laissa glisser le long de cette dernière et rejoignit le petit groupe. Il était très excité, ne parvenant que difficilement à ne pas trembler, moitié par peur moitié par plaisir.

 

Il jeta un bref coup d'œil alentour et vit les trois chiens qui dormaient du sommeil du juste. Il prit la tête de la petite colonne et se dirigea rapidement vers la maison. On lui avait bien signalé qu'il y avait deux maisons, mais que celle qui était intéressante était la plus grosse.

 

Une lumière brillait faiblement à la porte-fenêtre donnant sur la terrasse du rez-de-chaussée. Lorsque tout son monde l'eut rejoint dans l'ombre de la terrasse, il tendit sa main le pouce en l'air; puis il déplia l'index pour compter deux, et lorsque son majeur se détendit pour indiquer trois, le noir se propulsa d'une seule détente à travers la double porte vitrée, dans un grand fracas de verre brisé et de bois éclaté.

 

Lorsque la porte avait explosé sous l'assaut du noir, le vieux assis en compagnie de sa femme devant le téléviseur avait été pris de vitesse, et n'avait pas pu se saisir du pistolet qui se trouvait dans le tiroir de la petite table au milieu du salon.

Lorsque les quatre autres pénétrèrent dans le salon il tenait la main de sa femme enjoignant à cette dernière de ne pas crier.

 

Tenus en joue par les deux corses, Henri Barduis et sa femme Isabelle, de vingt ans sa cadette, ne bougeaient pas. Lorsque Philippi entreprit de les attacher chacun sur une chaise, ils n'opposèrent aucune résistance.

 

Lorsque le couple fut immobilisé, le chef se tourna vers les deux corses et vers Momo, leur désignant la porte qui menait au reste de la maison. Il leur avait dit ce qui valait la peine d'être pris. Puis il s'approcha d'Henri Barduis.

-         Où est le coffre, lui demanda-t-il?

Il murmurait à l'oreille de l'homme. Sa voix était chaude, presque amicale, avec un rien d'excitation.

Barduis fit un signe de dénégation.

 

Philippi se tourna vers Fabrice qui sous son bas avait un air sauvage. Ce dernier gifla Isabelle Barduis à toute volée.

Cette dernière laissa échapper un cri, qui mourut dans sa gorge lorsque Philippi fit un geste de dénégation avec sa main dans sa direction. Elle se mordit les lèvres, et les larmes commencèrent à couler sur ses joues.

 

Philippi fit le tour de la pièce, retournant différents cadres, jusqu'à ce qu'il trouve le coffre derrière un tableau représentant une oasis dans le désert algérien. La facture du tableau était quelconque mais sa taille était parfaite pour dissimuler le panneau métallique orné de quatre molettes.

Il se rapprocha d'Henri Barduis et recommença à murmurer à l'oreille du maître des lieux.

 

Ce dernier, secoua de nouveau la tête. Philippi sortit un couteau et trancha les liens de Barduis lui déconseillant de bouger en montrant l'arme du noir toujours braquée sur lui. Il le fit coucher sur le tapis, et parut se détourner une fraction de seconde, et Barduis poussa un hurlement.

 

Philippi agitait son doigt dans un signe signifiant non, comme il se serait adressé à un enfant. Barduis gémissait; il avait été pris par surprise lorsque la ranger du voyou avait écrasé son genou en porte à faux, lui brisant l'articulation.

 

Il n'eut pas une pensée pour sa femme, qui était assise terrorisée. Il fallait gagner du temps, pour profiter d'une occasion qui ne manquerait pas de se présenter. Résolument, il tourna son regard vers sa compagne faisant passer dans ses yeux une étincelle de tristesse.

 

Philippi se méprit sur ce regard, et pensa que le point faible de l'homme était sa compagne. C'était sans connaître Henri Barduis;

 

Les autres voyous étaient revenus dans le salon, encombrés de tableaux, d'argenterie, et autres bibelots semblant avoir de la valeur.

Philippi ne connaissait rien à la peinture, et il ne voulait pas se charger d'objets sans valeur.

Ses complices lui jetaient des regards interrogateurs. Il s'approcha du Comorien et lui parla à l'oreille.

Ce dernier lui donna son arme et entreprit de trancher les liens d'Isabelle Barduis. Il la fit se dresser, et fendit sa robe d'un seul geste du couteau. Il commençait à sentir son sexe durcir dans son jean. Il glissa la lame entre les deux seins de la femme qui faillit crier mais étouffa son cri en voyant le doigt de Philippi agité en signe de dénégation.

 

Elle avait de beaux seins, qui bougèrent à peine lorsque la dentelle s'écarta. Le Comorien ouvrit son jean et en sortit un sexe aux dimensions impressionnantes.

Les trois autres voyous étaient médusés, fascinés par le spectacle. Ils ne se souvenaient pas que Christian Philippi leur avait promis un cambriolage en douceur.

 

Fabrice Youssoufa  s'approcha de la femme, agrippa le petit slip de dentelle jaune et tira jusqu'à ce que l'élastique cède et que le nuage de dentelle libère Isabelle Barduis qui ne pensait plus à protéger sa pudeur.

Elle jeta un regard implorant à son mari. Philippi suivit son regard. Henri Barduis ne broncha pas.

 

Le Comorien ploya la jeune femme sur le canapé et la viola d'un grand mouvement de rein. Elle poussa un hurlement que son bourreau étouffa dans un coussin. Après quelques va-et-vient Youssoufa se vida dans un raidissement de tous ses muscles.

 

Philippi regarda sa montre. Ils étaient dans la maison depuis près d'une demi-heure et il n'avait rien obtenu si ce n'est quelques milliers de francs en liquide, trouvés dans une chambre, et de l'argenterie qu'il allait falloir se coltiner. Si le vieux résistait ainsi c'est qu'il y avait gros dans le coffre.

 

Il s'approcha d'Henri Barduis.

-         Tu sais, on a toute la nuit, nous sommes cinq, et c'est un petit extra qui n'est pas désagréable. Tu ne pourras plus la baiser après car tu penseras toujours à nous, murmura-ra-t-il à l'oreille du maître de maison.

 

Il se redressa ayant eu une idée soudaine, et pensant être passé maître en psychologie. Il fit signe à Momo. Ce dernier laissa tomber son jean sur ses chevilles et s'approcha maladroitement de la jeune femme. Philippi se pencha vers Barduis.

-         Lui c'est un arabe, et je crois qu'il va…

Il fut interrompu par le cri que venait de pousser Isabelle. Momo l'avait jetée contre la table et il s'activait à grands coups.

-         C'est ça que j'allais te dire, lui il préfère les enculer; Tu n'imaginais pas qu'un jour ta femme serait enculée par un arabe, pas vrai, reprit Philippi?

 

Henri Barduis avait le teint grisâtre mais il ne broncha pas. Il pensa à ce qu'il voulait protéger et qui ne devait pas être découvert.

 

S'il avait su la suite il aurait cédé, mais lorsque l'on est comme Henri Barduis, toute sa vie tendue vers quelque chose que l'on n'atteint jamais, puisqu'on le recule régulièrement, on n'imagine pas la suite.

 

Lorsque ses quatre complices eurent violé Isabelle Barduis, Philippi calcula que plus d'une heure s'était écoulée depuis leur arrivée dans la propriété.

Ils n'avaient rien obtenu du maître des lieux. Ils furent pris d'une rage folle et brisèrent tout ce qui était à leur portée, dévastant le grand salon.

 

Philippi était en nage sous son masque, il l'arracha et se dirigea vers Isabelle Barduis. Il poignarda la jeune femme à plusieurs reprises, s'acharnant sur le corps déjà mort.

 

Barduis avait compris lorsqu'il avait vu le voyou se démasquer qu'il n'en sortirait pas vivant. Il le regarda s'approcher.

-         Debout, dit Philippi d'une voix blanche.

Henri Barduis se redressa sur sa jambe valide.

-         Sur la table, à plat ventre, hurla Philippi.

Le vieux s'exécuta. Le chef de bande fendit en deux le pantalon et le caleçon de sa victime. Il sentait son sexe emprisonné par son jean serré. Il le libéra et pesant contre l'anus de l'homme il le viola d'un grand coup.

Barduis, depuis que le voyou lui avait intimé l'ordre de se coucher sur la table, essayait de ne penser qu'à se saisir de l'arme cachée dans le tiroir de la table de salon.

 

Les autres s'étaient rapprochés de la table du salon. Eux aussi avaient retiré leurs masques.

 

Henri Barduis, occultant de son esprit ce qu'il était en train de subir, et profitant des halètements rauques de son agresseur, parvint à ouvrir le tiroir et à se saisir de l'arme.

 

Lorsque Philippi sentit l'orgasme venir, il accéléra son mouvement et bientôt arqué au-dessus de Barduis il jouit avant de s'abattre sur le dos de sa victime.

Sa tête roula un instant sur l'épaule droite de l'homme avant d'exploser dans une gerbe de sang.

 

Scoffoni fut le premier à réagir.

-         Tirons-nous, dit-il soudain pris de panique.

 

Castelli se précipita, et avant que Barduis ait pu se dégager du corps de Philippi, il le saisit par les cheveux, tira sa tête en arrière et lui trancha la gorge.

Puis, saisissant le sac dans lequel ils avaient jeté l'argenterie et quelques menus objets, il sortit en courant par la porte-fenêtre, sur les talons de ses complices.

 

Lorsqu'ils parvinrent à la corde, Castelli passa le premier et aida Momo et Fabrice à monter. Scoffoni n'eut pas le temps de monter. L'un des chiens, sans doute arrivé après ses deux compères, et par-là même n'ayant eu que peu de viande, s'était réveillé. Il planta ses dents dans la jambe du Corse, qui lâcha la corde, essayant de saisir son couteau. Le chien le fit tomber, et le prit à la gorge, lui déchiquetant le larynx.

 

Sachant son copain foutu, Castelli sauta de l'autre côté du mur. Seul Momo était là.

-         Et Fabrice, demanda-t-il?

-         Parti devant, répondit l'Algérien.

 

Castelli démarra au pas de course, espérant que le noir n'allait pas les laisser. Le vent s'était levé, couvrant le bruit de leur course. De toute façon il n'y avait pas d'autre habitation à plus de cinq cents mètres.

 

Lorsqu'il arriva sous le grand pin, il vit que la grosse pierre avait été bougée. Il jeta un coup d'œil dessous mais il ne trouva rien.

 

Il s'avança vers le bord du rocher. Le bateau était toujours là dansant un peu sur la mer qui commençait à s'agiter.

 

Il entreprit de descendre la petite paroi. On ne peut pas parler réellement d'escalade lorsque l'on voit ces rochers qui offrent des prises énormes et que tous les naturistes fréquentant la presqu'île descendent sans trop de difficultés.

Le vent, les embruns et les très nombreux pieds se plaçant aux mêmes endroits ont rendu certains rochers aussi glissant que des savonnettes. Sachant cela, Castelli descendait doucement. Lorsqu'il arriva à une petite terrasse, vestige de la carrière de pierre qui était exploitée là au siècle dernier, cinq à six mètres en dessous du grand pin, il trouva le corps de Fabrice.

Ce dernier, dans sa hâte, avait glissé. Sa tête faisait un angle bizarre avec son corps, et à la clarté de la lune, Castelli vit que le rocher était taché de sang. Il fouilla les poches du Comorien et prit les clés du bateau.

-         Il est mort, demanda Momo qui l'avait rejoint?

Castelli ne répondit pas et descendit toujours aussi prudemment les derniers mètres qui le séparaient des pierres plates et de la mer. Momo le suivait.

-         On va y aller à la nage, dit Castelli

-         Je ne peux pas, je ne sais pas nager, répondit Momo.

 

Ils eurent quelques difficultés à hâler le bateau près du bord et à monter à bord. Momo remonta l'ancre pendant que Castelli essayait de démarrer le moteur.

Le moteur démarra au deuxième essai. Castelli voyant que la mer bougeait de plus en plus décida de longer la côte qui était à l'abri du mistral.

 

Il pilotait en souplesse, réfléchissant à ce qui venait de se passer. Il avait failli y rester, et maintenant sa sécurité dépendait d'un arabe. Il mit le cap plus au large.

-         Qu'est ce que tu fais, demanda l'Algérien vaguement inquiet.

-         Il faut passer la pointe Cacau, répondit le Corse.

Le bateau tapait de plus en plus.

-         Tien toi à la barre là au bord, conseilla Castelli, en mettant plus de gaz.

 

Momo lui tournait le dos, jambes écartées, pour garder son équilibre. Castelli amarra la barre, joignit les deux mains, les glissa entre les jambes de l'Algérien, et d'une seule poussée le souleva, le projetant par-dessus bord.

Momo resta accroché à la lice, cramponné de toutes ses forces et essayant d'envoyer ses jambes vers le haut pour remonter à bord.

 

Castelli chercha des yeux quelque chose pour faire lâcher prise à l'Algérien. Ne trouvant rien, il s'adossa au siège du pilote, et lui donna un violent coup de ranger sur les doigts. Momo hurla et lâcha prise.

Ils étaient déjà à près de huit cents mètres de la côte. Castelli repris la barre, et faisant faire au bateau une large courbe, il se dirigea vers la côte.

Vers quatre heures du matin il échoua le bateau dans la calanque de Sugiton. Il prit le sentier qui lui permit de remonter jusqu'au col de Sugiton et de descendre ensuite sur le parking de l'université de Luminy, où il vola une vieille voiture appartenant à quelque étudiant.

 

Il abandonna le véhicule dans une petite rue de Mazargues, et rentra chez lui à La Cayolle distante de deux kilomètres.

A six heures trente il se glissa dans son lit.